Objection De Conscience En Espagne

La syndérèse ou conscience est la capacité naturelle que l’homme a de juger correctement. La conscience peut également être définie comme “le lieu” des principes ou des valeurs d’une personne. Ainsi, lorsqu’on dit, par exemple, qu’il faut décider consciencieusement, ce sens est utilisé parce que nous engageons notre propre vie dans la décision que nous prenons.
Ainsi comprises, les décisions prises contre sa propre conscience sont des décisions contre soi-même. L’objection de conscience naîtra plus tard de cette idée.
Qu’est-ce que l’objection de conscience ?
L’objection de conscience consiste en une opposition personnelle au respect d’un ordre ou d’une obligation juridique spécifique. Cela se produit lorsque ladite obligation est considérée comme contraire aux préceptes de sa propre conscience.
Il est important de garder à l’esprit que, pour que l’opposition à l’accomplissement d’une certaine obligation imposée par la loi soit considérée comme une objection de conscience, et non comme un caprice personnel , il faut que ladite omission soit fondée sur une valeur suffisamment sincère .

De manière générique, elle est présumée telle lorsqu’elle s’inspire d’une religion reconnue. Aussi dans un système de pensée suffisamment accepté par un groupe social intégré à la communauté. Ainsi, tout au long de l’histoire, les cas les plus fréquents d’objection de conscience ont été, par exemple :
- Refus d’effectuer le service militaire ou de saluer le drapeau.
- Ne pas vouloir faire partie d’un jury, prêter serment ou participer à des actes religieux.
- Refus de travailler les jours fériés ou de recevoir des transfusions sanguines.
- Refuser de collaborer à la réalisation d’un avortement ou de dispenser des médicaments abortifs.
La loi contre l’objection de conscience
De toute évidence, la loi est une source d’obligations et doit être remplie par les citoyens. Mais la force de loi ne doit pas craindre la sanction en cas de non-respect. La chose correcte consiste en ce que c’est dans la justice ou le bon sens de l’obligation imposée.
C’est-à-dire que si les citoyens ne perçoivent pas les lois comme justes et raisonnables en elles-mêmes, l’efficacité d’un ordre ne sera guère soutenue. Ainsi, si le législateur anticipe qu’une certaine loi peut générer le rejet d’un groupe enraciné dans la société, qui la considère sincèrement comme immorale, il devra prévoir des voies alternatives. Précisément, à la recherche de l’efficacité du système.
Gouverner une ville n’équivaut pas à contrôler une machine. Il s’agit de diriger des êtres rationnels, afin qu’ils participent activement à la réalisation d’un objectif commun.

L’objection de conscience dans la Constitution espagnole
En Espagne, le cas le plus typique, et le seul jusqu’ici expressément inscrit dans la Constitution, est l’objection de conscience au service militaire. Elle est réglementée à l’article 30.2. Toutefois, la Cour constitutionnelle a reconnu qu’elle pouvait s’inscrire dans d’autres domaines.
Ainsi, à la suite d’un recours formé contre la loi sur l’avortement, la Cour constitutionnelle a déclaré qu’une réglementation de l’objection de conscience n’est pas strictement nécessaire pour qu’elle soit protégée dans les matières autres que celle classique du service militaire.
L’arrêt le plus récent en date sur l’objection de conscience est celui du 25 juin 2015. Rendu par la Cour constitutionnelle, il est relatif à l’objection de conscience des pharmaciens à la dispensation de produits abortifs et contraceptifs. Cet arrêt exclut que l’objection de conscience nécessite l’exercice d’une interpositio legislatoris spécifique . Du moins dans des cas aussi sensibles que l’avortement.
La doctrine, d’une manière générale, a compris la conscience comme le prochain principe d’évaluation de ses propres actions. Ce qui veut dire que ce n’est pas le principe ultime. Cette idée est importante car le principe ultime de l’évaluation morale est la réalité même des choses.
On entend par là que, tout comme chacun a le devoir d’agir selon sa conscience, il a aussi le devoir de veiller à ce qu’elle s’adapte à la réalité. D’une certaine manière, il s’agit de ne jamais s’arrêter de s’entraîner sur le plan moral et éthique. Une formation qui se construit à travers le dialogue avec les autres et l’étude, ainsi que l’observation objective et ouverte de la réalité.