Écouter Sans Empathie : Déconnexion émotionnelle

Écouter sans empathie, c’est regarder sans voir. C’est-à-dire oui avec le visage alors que l’esprit est absent, déconnecté et émotionnellement éloigné de celui qui se trouve devant lui. Peu de compétences sont aussi essentielles pour construire des relations solides et significatives que la communication et l’écoute empathique, où savoir se connecter avec les yeux, les sentiments et la volonté.
Il y a quelques mois à peine, le psychologue de l’université de Yale, Paul Bloom, spécialiste des sciences cognitives, a fait le tour du monde à la suite de commentaires controversés sur l’empathie. Selon lui, cette dimension a peu de positif. Cependant, pour comprendre ce qu’il voulait dire par ces mots, il est nécessaire de se plonger dans son message.
Selon le professeur Bloom, derrière cette dimension se cache parfois un acte de mensonge sibyllin. On peut, par exemple, comprendre ce que le partenaire explique, mais lui donner exactement la même chose. C’est-à-dire que nous sommes tous, d’une certaine manière, capables de nous mettre à la place de quelqu’un d’autre, mais d’agir ensuite avec une totale indifférence.
Par conséquent, nous pourrions correctement conclure que l’ empathie ne sert à rien s’il n’y a pas une attitude proactive, une prise de conscience authentique et une attitude active envers qui nous avons en face de nous. De plus, comme le souligne le professeur Bloom, il y a parfois des gens qui adoptent certains comportements basés sur l’empathie, mais ils ne les font pas pour aider les autres, mais pour se sentir bien dans leur peau.
Tout cela nous incite peut-être à affiner un peu plus l’idée que l’on se fait de cette fonctionnalité. Il ne suffit pas d’être là, de sentir et de montrer qu’on comprend la réalité de l’autre. Il est nécessaire de manifester activement ce sentiment, cette connexion.

Écouter sans empathie, un comportement malheureusement courant
Écouter sans empathie est plus courant qu’on ne le pense au premier abord. De plus, nous avons parfois tendance à tellement ritualiser nos interactions quotidiennes que nous ne percevons pas ce manque de lien émotionnel, celui que presque sans le savoir, nous dirigeons vers celui qui est en face de nous.
Un exemple très caractéristique est celui de ces mamans et papas qui répondent presque automatiquement à leurs enfants quand ils leur expliquent quelque chose. Ce sont ces phrases aussi éculées que « oui, ce dessin est très beau » ou « vraiment ? comme c’est intéressant », pendant qu’ils viennent les chercher à l’école ou qu’ils sont occupés à autre chose et que les petits essaient d’expliquer ce qu’ils ont fait pendant la journée.
Ces dynamiques ne signifient pas que nous aimons moins nos enfants, pas du tout. Ça veut dire que parfois on n’a pas le temps d’être présent et on se limite à écouter sans empathie parce que la vie est bien remplie, parce que nos journées font que notre esprit soit partout (et nulle part à la fois).
Réponses non empathiques qui rendent la connexion émotionnelle difficile
Nous avons tous eu ce même sentiment. Celle où l’on parle à quelqu’un qui reste absent, qui nous dit oui de la tête alors que ses pensées sont à des kilomètres à la ronde. Maintenant, il est courant que d’autres types de situations surviennent dans lesquelles ils nous donnent un type de réponse, de commentaire ou de réflexion qui, loin d’aider, agit comme un mur. Comme des grillages en connexion émotionnelle.
Ce sont les suivants :
- Réponse conseil : ce que vous devez faire…
- Réponse personnelle emphatique : Vous exagérez, mais si ce n’est rien !
- Correctif : ce que vous dites n’est pas le cas
- Interrogatif : et maintenant pourquoi dites-vous/pensez-vous/faites cela ?
- Réponse d’excuse : Je sais que ça t’inquiète, mais pour l’instant je ne peux pas t’aider parce que…
Comme on peut le voir, avec ce type de réponse on se rend compte que parfois il vaut mieux qu’ils ne nous aient rien dit. Ainsi, écouter sans empathie ajoute souvent un autre problème : émettre des réponses qui brisent la compréhension empathique.

Cultiver une empathie authentique et une attitude active
Nous pouvons tous (et serons sûrement) des gens empathiques. De plus, des études comme celle menée par le Dr Anthony David de l’Institute of Psychiatry, DeCrespigny Park, à Londres, nous montrent qu’il est déjà possible de mesurer l’empathie et d’obtenir notre propre coefficient empathique.
Si nous le faisions, nous réaliserions certainement que nous avons tous cette dimension, mais une chose à laquelle nous échouons souvent est l’une de ses dimensions clés : la compétence sociale. Autrement dit, nous sommes empathiques, mais nous n’utilisons pas cette compétence de manière efficace. Cela signifie que parfois nous nous limitons à écouter sans empathie, que nous comprenons l’autre mais répondons de manière inappropriée ou que l’autre personne ne sent pas que nous le comprenons authentiquement. Par conséquent, il est nécessaire que nous gardions à l’esprit les clés suivantes.
Comment utiliser efficacement l’empathie
- L’empathie demande du temps et de savoir être présent, sans précipitation et sans excuses.
- L’attitude empathique vaut en premier lieu le regard. Nous avons besoin de regarder l’autre sans juger, avec proximité et affection.
- Deuxièmement, nous devons savoir comment réagir. La critique, le jugement ou le “je l’aurais fait à ta place” n’aident pas dans ces cas.
- À son tour, l’empathie doit avant tout être proactive. Car celui qui fait semblant de comprendre mais ne fait rien, triche et échoue. Parce que faire croire qu’on est précieux, mais se négliger ensuite, laisse des traces et fait mal.
Pour conclure, ne tenons pas pour acquis que nous sommes tous experts dans ce domaine. Nous avons toujours quelque chose à apprendre, à peaufiner, à améliorer dans la pratique quotidienne de l’empathie. Commençons donc par nous-mêmes pour donner le meilleur aux autres et ainsi prendre soin de nos relations pour ce qu’elles sont : d’authentiques trésors.