Apprendre à Vivre Dans Notre Corps

80% des fibres du nerf vague qui relient le cerveau à de nombreux organes internes sont afférentes. Autrement dit, ces fibres vont du corps externe au cerveau. Ce qui signifie que nous pouvons éduquer et contrôler directement notre système d’activation par la respiration et le mouvement.
Depuis des temps immémoriaux, cette façon d’éduquer le corps est un principe fondamental en Chine et en Inde. L’étude de la médecine orientale et alternative a découvert de nouvelles voies pour améliorer notre état de façon plus naturelle, encore suspecte pour la culture générale.
Travailler notre corps pour nous retrouver
Nous savons tous respirer, mais calmer notre respiration est un atout fondamental pour le rétablissement de la santé mentale de nombreuses personnes. Lorsque nous respirons consciemment lentement et profondément, nous apprenons au corps à ralentir le SNP (système nerveux parasympathique).

Par exemple, lorsque l’on travaille sur les effets du traumatisme et de l’abandon, la régulation émotionnelle fait une grande différence dans les résultats. Un aspect de cette régulation est le contrôle respiratoire. Plus nous restons concentrés sur notre respiration, plus elle sera bénéfique.
Ainsi, il est important de faire attention au début et à la fin de la respiration, et d’attendre un moment avant la prochaine inspiration. Si nous parvenons à remarquer comment l’air sort et entre dans notre corps, il sera facile de prendre conscience de l’importance de cet “acte vital et naturel”.
Harmoniser le corps et l’esprit grâce au yoga
Le yoga fait référence à une discipline traditionnelle originaire de l’Inde, qui signifie “union du bien-être physique et mental”. Le mot est associé aux pratiques de méditation dans l’hindouisme, le bouddhisme et le jaïnisme. Grâce au travail corporel, un cours de yoga peut nous aider à nous connecter avec la partie la plus profonde et la plus oubliée de nous-mêmes. Le yoga est bien plus qu’un simple exercice ou une technique de relaxation et voici les principaux avantages qu’il peut offrir :
- Développement de la conscience. Aide à prendre conscience de nos potentiels et de nos ressources naturelles, ainsi que de nos résistances et de nos peurs.
- Paix interieur. Il favorise une vie sereine et confiante.
- Il améliore la capacité d’être présent dans sa propre vie. Soulage la douleur, réduit le stress, améliore la respiration…
- Améliore les conditions de santé. Il existe une longue liste de tous les bienfaits que le yoga peut avoir sur notre santé. Par exemple, conditionnement cardiovasculaire, contrôle du poids, amélioration de la respiration, flexibilité accrue…
Une enquête menée par les National Institutes of Health a montré que dix semaines de pratique du yoga réduisaient les symptômes du SSPT (trouble de stress post-traumatique). Surtout les patients qui n’avaient pas bien répondu à d’autres types d’interventions se sont améliorés.

Des mouvements qui améliorent notre santé
Certaines cultures au Japon et en Corée se concentrent sur une prise de conscience croissante du mouvement et du présent dans lequel il se produit; des capacités que, par exemple, les personnes porteuses d’un traumatisme ont tendance à avoir altérées. Arts martiaux, aïkido, judo, taekwondo, jujitsu, capoeira du Brésil… Toutes ces techniques ont des points communs comme le mouvement physique, la respiration et la méditation.
Le yoga, le taichi, le gigong en Chine ou les sons rythmiques des tambours en Afrique reposent également sur l’idée que la guérison réside dans la connaissance de soi ou la conscience de soi. Jon Kabat-Zinn est l’un des pionniers des interventions qui cherchent à tirer parti des canaux de communication qui existent entre le corps et l’esprit. Ainsi, en 1979, il crée un programme de réduction du stress basé sur une prise de conscience accrue.
Faire attention à nos sensations corporelles nous permet d’apprendre plus facilement à reconnaître les hauts et les bas de nos émotions, et donc d’avoir plus de contrôle sur elles. Pratiquer la pleine conscience calme le système nerveux sympathique et réduit les chances de réagir par combat ou fuite. En ce sens, la conscience corporelle nous permet de libérer des sensations ou des impulsions qui étaient bloquées à l’époque afin d’en privilégier d’autres qui étaient plus importantes pour notre survie.

Notre monde sensoriel est né avant nous
Nous ne pouvons pas récupérer complètement sans nous sentir en sécurité dans notre peau. Lorsque la tension physique est relâchée, les sentiments peuvent également être libérés. Le mouvement aide à approfondir la respiration et à relâcher les tensions. Les témoignages recueillis lors d’études auprès d’enfants maltraités, de soldats atteints de SSPT, de victimes d’inceste, de réfugiés… témoignent de l’efficacité des thérapies expressives.
En guise de réflexion et de clôture, pensons que l’appui à l’investigation de nouveaux protocoles d’intervention n’est acquis que pour ce qui a déjà fait ses preuves. Rappelons que près de quatre décennies se sont écoulées depuis la découverte des propriétés antibiotiques de la pénicilline par Alexander Fleming en 1928 et la compréhension définitive de son mécanisme en 1965.